Ici-F9OE

Pour tous les anciens Radios, plus spécialement ceux de la Marchande, c'est une fréquence mythique. Une fréquence qui fait remonter les souvenirs, l'une des plus connues et peut-être celle qui a contribué à sauver le plus de vies dans le monde...
Je l'ai utilisée pendant plus de 5 ans. Faut-il le rappeler, le 500 kHz c'était la fréquence de détresse utilisée par tous les bateaux et veillée 24h/24 par les stations côtières de nombreux pays. C'est aussi sur cette fréquence que ces stations annonçaient la transmission de leurs listes d'appels (à savoir les indicatifs des bateaux pour lesquels elles avaient des télégrammes) avant de basculer sur leur fréquence de travail.

Chaque heure, de H15 à 18 et de H45 à 48, toutes les stations observaient le silence  afin de maximiser la réception d'un éventuel appel de détresse lancé par un navire en danger. Malheur à celui qui oubliait de respecter ce silence ! Un rapide SP (silent period) le rappelait fermement à l'ordre. Un peu comme le UP lancé par ceux qui chassent le DX pour remettre le "contrevenant" dans le droit chemin ! Mais le SP n'était pas suivi de jurons et autres noms d'oiseaux, ni même du désormais et sempiternel LID qui n'avait pas encore cours à l'époque ...
La plus aimable invitation à ne pas utiliser la fréquence, je viens de l'entendre sur la fréquence de V63:  gm dady !
Le contrevenant (cela m'est bien entendu arrivé !) rappelé à l'ordre se faisait discret, tout petit, prêt à rentrer sous terre (sous mer plutôt) et jurait de mieux surveiller sa pendule, pourtant placée face à lui dans la cabine radio et qui faisait apparaître clairement les secteurs "silence" en rouge.
Il existait aussi les périodes de silence "téléphonie" (H00-03 et H30-33) observées sur 2182 kHz, lesquelles figuraient en vert sur cette même pendule.

Le modèle ci-dessus est emprunté à André F6GIN qui a la chance de le posséder.  En consultant son QST MM mensuel n° 32, vous pourrez en découvrir d'autres.

Et les traits rouges à la périphérie, c'est quoi ? Tout simplement une aide pour transmettre le signal d'alarme manuellement (11 traits de 4 secondes séparés de 1 seconde) qui devait précéder l'émission du signal de détresse SOS. Ce signal était destiné à déclencher l'auto-alarme (signal sonore à la passerelle et dans le poste radio) grâce à un appareil installé sur les bateaux qui n'effectuaient pas une veille permanente sur 500 kHz. Entre autres sur les cargos, où n'officiait qu'un seul radio 8 heures par jour.
Cet appareil qui comportait nombre de relais (souvent sources de mauvais contacts) se déclenchait quelquefois d'une façon intempestive en présence de QRN violent. Veiller le 500 kHz la nuit sur la côte d'Afrique, lors d'un orage, était assez douloureux pour les oreilles !
Rappelons que la radio à bord était avant tout installée pour la "Sécurité de la vie humaine en mer". En 1958 mon récepteur de secours, qui couvrait la bande des 600 m était "à réaction". Sensible certes, mais la sélectivité laissait quelque peu à désirer !

Les stations côtières se sont tues, les radios sont passés à la trappe, mais cette fréquence 500 kHz est toujours utilisée pour les communications maritimes par le Navtex, système de transmission analogique mais aussi le Navdat, système numérique dont le débit permet de transmettre non seulement du texte mais du multimédia (météo, mises à jour des cartes marines...)

Lors de la réunion mondiale de l'UIT en 2012 il fut voté que le segment 472 - 479 kHz serait attribué au Service Radioamateur. Ce qui fut fait dans un certain nombre de pays. Citons entre autres le Danemark, l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays Bas ... La France ne figure pas dans la liste. Et c'est dommage. Nous avons souvent attendu (autorisations RTTY, TV, l'augmentation de puissance et tout récemment l'extension de la bande 7 MHz). Pourquoi ? Indifférence ? Manque de confiance ? Je m'interroge.

Quoi qu'il en soit surveillons la qualité de notre trafic et ne prêtons pas le flanc à d'éventuelles critiques.

Chacun sait que Brest est à l'Ouest, tout au moins les F... La Presqu'île de Crozon aussi est à l'Ouest, mais c'est moins connu, sauf pour les bons en géo...
J'ai coutume de dire que l'on est ici "en bout de piste". A tous points de vue. Même pour l'électricité !


Difficile de demander de l'aide aux voisins ; nous sommes en bout de ligne et l'on nous demande, surtout lors des périodes hivernales, de veiller à ne pas trop tirer sur le 220 V, et faire de faire la chasse aux consommations inutiles. D'où cette affiche qui m'a, comment dit-on ? ah oui, interpellé...

Il en est de même pour le trafic VHF... Ce n'est pas tous les jours que les antennes se tournent vers l'Ouest. Il est vrai que l'activité est plus grande (doux euphémisme) vers l'Est. Au bout du monde le moteur ne s'use pas sur environ 90°, en VHF s'entend... A bien réfléchir il risque même de se bloquer !


Oui quelques 90° inutilisables... Je ne suis pas le seul et les amis de la façade atlantique sont dans la même situation. Je me demande si les correcteurs de concours ne devraient pas en tenir compte et apporter un bonus, disons un coefficient, qui rattraperait ce handicap !

Quoi qu'il en soit il est évident que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne...


Pour s'en persuader, un collègue, passionné de radio qui souhaite se joindre à nous, m'a demandé conseil pour une installation VHF... En  regardant les lieux, je lui ai conseillé vivement le portable ou ... de se remettre à sa collection de timbres !

Il est bien au dernier étage mais ... de la petite maison coincée entre les deux immeubles (vous l'aviez deviné !).


Quand je vous dis que nous ne sommes pas tous égaux !

Restons sérieux et revenons aux économies d'énergie. J'ai retrouvé dans "l'instruction SF à l'usage des stations de radiocommunication du service mobile"  (bible du radionavigant qui rappellera de sombres souvenirs aux anciens radios de bord puisque ce livre devait être à peu près appris "par coeur" pour l'examen), retrouvé disais-je un article que voici :

Limitation de la puissance rayonnée. Toutes les stations sont tenues de limiter leur puissance  rayonnée au minimum nécessaire pour assurer un service satisfaisant (art. 13 du Règlement des Radiocommunications).

Ces conseils, pleins de bon sens, ne précisent par quelle puissance il faut commencer. Je suppose par la plus basse et monter...

Les émetteurs du bord étaient en général équipés de deux tubes 813 délivrant environ 400 watts (fonctionnement au petit trot !) avec une position quart de puissance dite "réglage". Combien de fois ai-je oublié ensuite de repasser sur la pleine puissance avant d'appeler ? Il est vrai que les opérateurs de St Lys Radio (FFL) étaient de "grandes oreilles" et les 6 dB perdus étaient largement compensés par la qualité des opérateurs !

On peut aussi commencer par la puissance normale...
Il m'est arrivé quelquefois, en particulier avec des stations irlandaises, de faire quelques essais sur 144 MHz... Je me souviens que l'une d'elles, située à 500 km avait "descendu" sa puissance à 50 milliwatts... La liaison en CW tenait toujours.
Tout récemment F1CLQ me rappelait qu'il avait fait semblable expérience, depuis un point haut du Bas-Rhin, avec F1GHB des Côtes d'Armor sur 5,7 GHz. Une poignée de milliwatts avait suffi à maintenir la liaison et en téléphonie...

Bien entendu il n'est pas très judicieux de tenter ce genre d'expérience lors d'un pile-up lancé aux trousses de TX5K ou de H44G !

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Bien que certains pensent que "la vie est trop courte pour faire du QRP", d'autres ont fait du QRP une philosophie et leurs résultats sont particulièrement intéressants et quelquefois surprenants.

Il y a quelques jours j'ai appris la disparition de Stefan Kudelski, père du mythique magnétophone Nagra. Je pense souvent à ce Monsieur en utilisant certains appareils. J'ai eu en effet l'occasion de participer à une émission où il captiva l'assistance, non pas par ses vues techniques (il aurait pu) mais en mettant l'accent sur le côté "pratique" de certains outils et autres appareils, excellents au demeurant, mais bien peu fonctionnels.

Je me souviens entre autres qu'il avoua avoir mis sur le marché un magnétophone dont l'appareil de contrôle (le modulomètre) était placé à gauche, lequel devenait pour la  grande majorité des utilisateurs difficile à surveiller... Pourquoi ? Tout simplement parce que l'utilisateur, en général droitier, plaçait la bretelle de l'appareil sur son épaule gauche et s'entretenait, micro dans la main droite, avec son interlocuteur... Et ne voyait plus ce fameux modulomètre sauf en se déhanchant et en se dévissant le cou !

J'ai eu il y a quelques jours à changer un fusible dans un ampli... Après avoir retiré capot, environ 40 vis et une carte, je suis enfin parvenu à ce composant. Des doigts de fée auraient été un plus non négligeable ! Et pourtant si l'on prévoit un fusible c'est que...
J'ai dans les mains un petit "pocket" qui quelquefois m'agace. Eh oui, à chaque réglage du niveau BF, je change de canal, l'implanteur ayant eu l'idée (?) de placer potentiomètre BF et sélecteur de canaux sur le même axe... Oui, je sais, il n'y a pas grande place et il y a un bouton de blocage !
Que dire de certains "menus" de nos transceivers - parait-il "intuitifs" -  aussi inextricables qu'un taillis bien touffu !
Vous qui pestez sur tel logiciel dont la touche 'Impression" cotoie de près (trop à mon goût)  la touche "Suppression", sachez que vous n'êtes pas seul !
Pas radioélectrique, mais significatif, il me revient en mémoire cette voiture où même les mécanos de la marque avaient été obligés de "bidouiller" un outil pour extraire la dernière bougie...

Bien entendu tout cela n'enlève rien au bon fonctionnement de ces appareils miniaturisés de notre quotidien, mais hélas, dans de nombreux cas, la convivialité n'est vraiment pas au rendez-vous.

Oui Monsieur Kudelski je pense que je vais me souvenir de vous encore longtemps.