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14/12/2006

Mes Parrains

L'admission au Réseau des Emetteurs Français nécessitait d'être parrainé par deux membres de l'association. Janvier 1956, je deviens REF 9258. Mes deux Parrains, F9AH et F3PR étaient complémentaires. Plus de 50 ans après je pense toujours à eux car, hélas ils sont l'un et l'autre, disparus.

En 1955, peu de clubs et le Parrain était indispensable pour se lancer.
Je suis parfois étonné, surtout à notre époque de communication, de la forme des appels et quelquefois du fond de certains QSO. J'ai l'impression que certains sont complètement déconnectés, ne lisent aucune revue amateur ou ne fréquentent aucun radio-club...

Mais revenons à ceux qui m'ont initié.

Pierre, F3PR, était un Amateur, un vrai, c'est-à-dire quelqu'un dont les activités professionnelles n'étaient pas radioélectriques et qui mettait un point d'honneur à réaliser ses équipements. Pour autant Pierre ne détestait pas la CW qu'il adorait, ni les essais TV. Ses réalisations mécaniques étaient des exemples. Je lui dois beaucoup même si ses efforts et conseils n'ont pas toujours été, dans ce domaine, couronnés de succès.

Roger, F9AH était un ancien opérateur radio professionnel. Un virtuose de la CW, en un mot une "grande oreille". BC312 en réception, la classique 807 au final (500 V/40 mA !) et un doublet puis une verticale. Son "tableau de chasse" était éloquent. Quelques 220 pays DXCC...

medium_Roger_F9AH.jpg

Sur une planchette 4 manipulateurs côte à côte : une "pioche", un double contact (lame de scie !), un Vibroplex et le manip électronique de l'époque, le OZ7BO du nom de son créateur, équipé bien entendu de lampes ! Roger s'amusait souvent, en me regardant du coin de l'oeil, à répondre à un CQ en manipulant le F sur la pioche, le 9 sur l'électronique, le A sur le double ... Très fort celui qui aurait détecté une différence de cadence... Un pianiste !
Le filtre 100 Hz ne fleurissait pas sur le BC312 et j'ai longtemps pensé que je ne pourrais jamais extraire le petit signal DX enfoui sous les autres dans les 3 ou 4 kHz (je suis optimiste !) de bande passante du récepteur. Merci Roger pour ces leçons de trafic.

Les morts ne sont pas morts tant que les vivants pensent à eux (Proverbe Malgache).

06/12/2006

1956 commence bien !

L'année 56 (l'année de mes 20 ans !) se présentait bien ! Deux bonnes nouvelles en quelques jours.

Je devais être à Rennes le 15 mars pour incorporation dans la "Royale", et
Monsieur l'inspecteur des PTT s'annonçait à la maison pour l'examen Amateur.

Il était temps car, si mon grand'père avait eu sa médaille de trentenaire aux Compteurs de Montrouge, j'avais quant à moi réussi au bout de trois mois à récolter un blâme... Quelle honte !
Je ne sais si les Anciens se souviennent, mais en février 56, le thermomètre indiqua -20° et les patineurs s'en donnaient à coeur joie sur le lac du Bois de Boulogne. Motif du blâme : surpris à déguster un Viandox bien chaud, confortablement calé dans le fauteuil, par un Directeur qui faisait visiter le labo à un aréopage de militaires, leur montrant toute l'attention portée à la réalisation et aux réglages des radars.

L'examen
Rappelons, pour nos collègues qui n'ont connu que les Centres d'examen, qu'à cette époque l'inspecteur des PTT se rendait au domicile du futur OM. Cette méthode comportait, à mon avis, quelques côtés positifs. L'inspecteur voyait la station qui allait être bientôt sur l'air, pouvait s'assurer de vos qualités opératoires, plus spécialement en CW. Il pouvait aussi se rendre compte des efforts du candidat (constructions personnelles, dispositifs anti-TVI etc.).
Par ailleurs, si tous n'aimaient pas arpenter toute la semaine les routes de France (et quelquefois les chemins creux...), j'en ai connu qui ne détestait pas cela, généralement bien accueilli par le futur OM qui, en tout bien tout honneur, leur faisait goûter quelquefois les charmes gastronomiques de la région. Une fois l'examen passé bien entendu.

Bien, mais revenons à la station que je me proposais de présenter. A cette époque, pour simplifier, disons que le récepteur était la plupart du temps issu des Surplus (BC312, BC342, AR88...), quant à l'émetteur, il était de construction personnelle et la lampe 807 fleurissait beaucoup !
Pour ma part, BC312, VFO Clapp (pas beaucoup de jus mais bien en vogue pour sa stabilité) sur 3,5 MHz, un étage tampon apériodique, deux doubleurs pour nous amener sur 14 MHz et enfin, au final, la fameuse 807 alimentée sous 500 V/80 mA. A l'époque 50 watts maximum autorisé...
La station se trouvait dans le pavillon des Parents, sur un petit bureau, dans ma chambre...

medium_Examen_OE.jpg

Un beau soir de février, coup de sonnette. Cet homme ne m'est pas inconnu, puisqu'il s'agit de celui qui m'a collé tout récemment à ce fameux "2ème classe"... Lui aussi m'a reconnu. "Rassurez-vous ce sera moins dur ce soir". C'est sur cette phrase réconfortante que je lui présente mes composants. Quelques questions d'ordre pratique puis mise en route du récepteur en CW sur 14 MHz. "Calez-vous sur cette station". Ce qui fut fait grâce à mon VFO de haute stabilité. Bien, parfait et, saisissant son sac (grosse besace remplie de papiers), il la dépose, je ne dis pas violemment mais disons lourdement, à quelques centimètres du VFO...
Le beau battement nul s'en est allé, de nombreux kilohertz plus loin...
Désolé (pas tant que moi), Monsieur l'inspecteur m'a fait remarqué qu'il ne pouvait me laisser trafiquer avec un tel outil et que je devais stabiliser sérieusement ou monter un oscillateur à quartz. Ceci ne nous a pas empêché de prendre un "ptit Martini" pour conclure.
"Je vous fais confiance, vous m'appelez quand les modifications seront faites, je repasserai peut-être...".

medium_QSL_F8MD.jpg

André Cuny F8MD était un fervent défenseur de l'Espéranto.

Cela n'a pas pas traîné... quelques jours après une 6V6 pilotée quartz (7025 kHz) entrait en fonction. Coup de fil à l'inspecteur... "Bien, vous aurez bientôt un F2; je peux aussi vous proposer F9OE, le point final risque de se perdre dans le QRM mais ...". Tu parles, n'importe quel indicatif du moment que je puisse pomper !
Un beau matin la licence rose arriva. Le premier QSO fut un allemand en CW... Il y a vraiment des moments où le coeur bat plus vite...

Anecdote
Dans les années 50, les SWL visitaient tous les OM autorisés du coin pour se documenter, mais surtout récolter conseils et... composants non utilisés !
Lorsque la station était prête, il était tentant de faire, malgré l'interdit, un "ptit essai rapide" avec un local...
Mon Parrain F3PR, alors SWL, n'avait pas échappé à cette coutume et, lors d'une rencontre avec F8MD (un des inspecteurs de l'époque) mais dont il ignorait les fonctions, il lui indiqua qu'il attendait la visite des PTT et que sa station fonctionnait bien !
"Savez-vous qui je suis ?" ... F8MD oublia, fit passer l'examen à mon ami Pierre Ribourg qui devint F3PR.
Les lois ne valent que par ceux qui les appliquent ?

02/12/2006

Alors on fait quoi maintenant ?

Le mot sabbatique n'avait pas cours à la maison... Pas question de "glander" au delà du week-end !
N'ayant aucune envie d'aller sur un chalutier du côté de Terre Neuve et toujours bien décidé à obtenir ce "2ème classe", je décidai de devancer l'appel du Service Militaire qui se profilait à l'horizon, ce qui permettait entre autres choses, de choisir la Marine. Il était rare en effet d'être appelé dans la "Royale", les inscrits maritimes,
c'est-à-dire les gars de la pêche et de la marine marchande, suffisaient à pourvoir les besoins.

J'avais aussi rajouté un projet : devenir radioamateur, le passage à l'école dotée de l'indicatif F3HE m'ayant complètement accroché.

En attendant de voguer sur les mers lointaines, la première expérience pro fut Grammont à Malakoff. Rappelez-vous, "Grammont, un nom, un renom !" disait la pub de l'époque. J'ai découvert la chaîne de montage et ses cadences, les crises de nerf et les "surveillantes" qui remplaçaient la personne qui avait besoin de satisfaire un besoin naturel !
C'était l'époque du téléviseur "43cm économique". Je fus affecté au contrôle "sortie de chaine". Les tubes fleurissaient (9 broches/noval et les 7 broches). Le premier travail consistait à s'assurer que la bonne lampe était dans le bon support car dans la précipitation de la chaine... Puis mise sous tension; A vrai dire c'était très souvent une mise à feu...
Les réglages se faisaient dans une cage de Faraday (c'est intime mais pas très paysagé comme lieu de travail). Un certain nombre de récepteurs devaient bien entendu être réglés dans la journée... Mes qualités de dépanneur ne me permirent pas souvent d'atteindre le quota attendu et l'on me versa au contrôle final. Un avantage certain, je sortais de ma cage et repassais à l'air libre !
Armé d'un maillet (en peau de porc pour ne pas abîmer le châssis), je frappais (délicatement bien entendu !) verticalement puis latéralement le dit châssis pour s'assurer avant la mise en ébénisterie, de l'absence de faux contacts... Un coup : plus de son, second coup : du son mais plus d'image... Allez cherche le faux contact mon gars !

Anecdote
De l'autre côté de la rue, une boutique vendait des postes radio et TV Grammont. Certains appareils câblés avec les mêmes composants et réglés en face étaient également proposés avec le sigle Blaukpunt. Combien de fois ai-je entendu "Je préfère Point bleu, c'est allemand et plus sérieux !"

Nous étions fin 1955. Un copain d'école me fit miroiter 50 F de plus par mois (ben oui, 10% de mieux quand même !) et m'entraina aux Compteurs de Montrouge. Plus de télés mais des alidades de radar... L'horizon était gris sale, les fenêtres (avec barreaux verticaux) donnaient sur des murs identiques...
Où étaient les affiches de l'école avec les vahinés ondulant sous le soleil ...