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19/05/2009

Chronique de la TSF ... en 1914

F3CW (quel bel indicatif !) m'a fait parvenir en son temps une "Chronique de la TSF" extraite du journal "La nature", tome 42 du premier semestre 1914. On y parle des radiotélégraphistes... Merci Alain.

La conférence de Londres de 1912 vient d'exiger que les bateaux soient dorénavant équipés de stations radioélectriques. Malheureusement il n'existe aucune école spécialisée et c'est la marine de guerre qui fournit l'essentiel des opérateurs. Seules quelques écoles comme l'école d'hydrographie de Boulogne sur mer et certaines compagnies de T.S.F dispensent des cours adaptés.

C'est l'administration des P.T.T qui délivre les diplômes de 1ère et 2ème classe qui ne se différencient que par la vitesse de lecture au son. Cette distinction a perduré et j'ai déjà eu l'occasion de dire ce que j'en pensais... En effet je ne me souviens pas d'une station ayant demandé quel était le diplôme de son correspondant avant de transmettre pour ajuster sa vitesse de manipulation !

Outre les questions sur la réglementation  télégraphique et la taxation des télégrammes, la partie technique de l'examen portait sur des notions générales d'électricité. Certains points peuvent faire sourire presque un siècle plus tard (Pourquoi est-il nécessaire d'avoir des oscillations rapides ? éclateur...) ou réfléchir car toujours d'actualité (Danger de la haute tension, effets physiologiques, mise en marche des appareils, moyens de réduire la portée...). Manifestement on cherchait déjà à limiter le QRM !

Les questions pratiques  portaient sur le matériel utilisé par la Compagnie. La société Marconi semble être à l'époque la plus importante. Elle impose à ses opérateurs un nouvel examen tous les 3 ans (serait-ce le début de la formation continue ?). Si un radio souhaite changer de compagnie, il lui faut subir un nouvel examen pratique sur le matériel embarqué par celle-ci (ce dernier point ne semble pas si stupide que cela...). En ce temps-là le Radio était en effet, détail important, embauché par une compagnie radioélectrique.

Muni du précieux sésame notre opérateur, après examens médicaux le déclarant apte à affronter les climats d'outre-mer, se voyait proposer une traversée aller et retour à titre d'essai... La compagnie paye 100 Francs par mois (je n'ai aucune idée sur ce que représentait cette somme à l'époque, mais tarif dérisoire si j'en crois le rédacteur du journal) somme à laquelle s'ajoutent des avantages (nous allons en reparler !) qui font monter le pactole à 225 F environ. A noter que l'opérateur percevait une prime sur le trafic ... Il valait mieux officier sur un gros paquebot que sur un cargo !

Au bout d'un an le salaire s'élève à 125 F et à 150 F après deux ans. Le contrat qui lie le radio à la compagnie est de 3 ans. Ensuite nouvel examen ou la... porte...

A bord, le Radio est assimilé aux officiers "pont" mais aux matelots pour la retraite... d'où des remous bien compréhensibles, d'autant  qu'une excellente tenue (je cite) est exigée en même temps que la pratique de l'anglais ou de l'espagnol, suivant que le paquebot se rend en Amérique du Nord ou du Sud !

Le rédacteur termine son article par ces termes "... on ne peut encourager les jeunes gens ayant acquis de solides connaissances techniques à embrasser cette carrière..." bien que les dispositions prévues par cette conférence de 1912 sur la sécurité de la vie humaine en mer laissent espérer 25 000 télégraphistes pour opérer sur quelques 10 000 bateaux...  Les compagnies de navigation, bien qu'ayant toujours été  réticentes, vont devoir se résoudre à embaucher des opérateurs. Notre journaliste souhaite par ailleurs que ces derniers jouissent d'une indépendance totale, qu'ils soient des représentants de l'Etat et soustraits à l'influence des compagnies de navigation. Ces voeux n'ont pas été exaucés !

Le Radio de bord "tiendra" tout de même jusqu'en 1955/60 dans l'aviation et 1980 dans la marine marchande. Pas tout à fait un métier mort-né tout de même...

Revenons à ces fameux (?) avantages que je trouve assez  cocasses. Je cite "... à ce traitement, viennent s'ajouter des avantages matériels sérieux. L'opérateur est habillé et reçoit, à bord, nourriture et logement..." Quelle chance ils ont ces gens-là ! Eh oui, difficile d'emporter son panier pique-nique pour quelques mois ou d'aller au marché, même si chacun sait que les océans regorgent de petites auberges sympathiques aux menus alléchants... Les armateurs devaient par ailleurs avoir certainement peur que leurs Radios, trouvant gîte et couvert à leur goût, sans parler des charmes d'une accorte soubrette, ne rallient pas le bord pour la poursuite de la croisière !

 

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On parle beaucoup de PAR en ce moment. L'article de F5AD, pratique, aidera j'en suis sûr quelques OM.

08/05/2009

Chose promise...

De nombreux lecteurs... tu parles ! Disons plutôt que deux ou trois amis m'ont rappelé que je ne parlais plus de navigation depuis l'escale de Dakar... C'est vrai, Dakar-Bordeaux cela sent les congés !

Pour le Radio, 10 jours par mois. "Eh bien vous êtes gâtés dans la marine marchande !". Cette phrase avait le don de me mettre en rogne ... Quand son auteur me semblait apte à comprendre, je tentais d'expliquer : " Vous avez je crois quatre week-ends chaque mois, deux jours de vacances par mois ... on en est déjà à 10 jours non ? Je n'osais même pas parler des ponts et autres fêtes dites légales. Pour nous, seul le 1er mai était payé double ! Difficile de stopper au milieu de l'Atlantique - voire défiler - le 14 juillet ou le 11 novembre ! Quant aux fêtes universelles comme Noël ou le 1er janvier, les dockers ne travaillant pas, l'armateur préfèrait nous envoyer en mer... Coûteux un bateau inactif à quai...

Soyons honnêtes, nous étions payés pour 8 heures par jour et deux heures supplémentaires, effectuées ou non. Jusqu'en 1968 il fallait 9 mois de bord pour prétendre aux congés et encore fallait-il être dans un port métropolitain ! La plupart du temps, Murphy frappait et cela conduisait à des 10 ou 11 mois de bord d'où les vacances de 3 à 4 mois qui affolaient certains terriens qui n'avaient à l'époque que 3 semaines d'affilée !

On est content de quitter le bateau, on attend son successeur avec impatience, on échange quelques infos et l'on s'en va. Reverra-t-on ce bateau mais surtout quelques collègues avec lesquels on a passé presque une année et qui sont devenus quelquefois des amis ? Ce n'est pas certain. Les embarquements se feront suivant les besoins de la Compagnie... Un jour, via la radio, on apprendra la présence à bord d'un bateau croisant dans les parages d'un collègue avec  lequel on a fait d'interminables parties d'échecs, avec lequel on s'est parfois eng...

Souvent il faudra attendre la retraite pour se retrouver, généralement en bord de mer, lors de la réunion des Anciens de la Compagnie... Et là, je vous prie de croire, souvenirs, souvenirs...

Content de rentrer à la maison mais avec tout de même un petit pincement au coeur.

Comme beaucoup, je fréquente un "salon" d'Anciens /MM et tout récemment, un correspondant belge m'a rapporté cette anecdote. Je ne résiste pas au plaisir de vous la faire partager...

"...En juillet 1959, je me trouvais sur le cargo "Mohasi" de la CMB  à l'ancre dans le Chatt - el - Arab, en attente de "monter" pour aller à quai. Près de nous un navire de la "NOCHAP", le "Ville de Nantes". Pour passer le temps , j'ai conversé avec le radio en phonie et on a parié une caisse de bières à celui qui lèverait l'ancre le premier. Et c'est lui qui a gagné. Nous, nous sommes "montés" le lendemain , mais pour un autre port. Et je n'ai plus jamais revu le "Ville de Nantes". Quand il était dans un port , nous étions dans un autre !
Bref , on s'est perdu de vue. Je suis affilié au site French Lines et dernièrement , à ma grande surprise , un message m'attendait !
C'était un certain Gilbert G. ancien "marco" du Ville de Nantes avec qui j'avais fait le pari. Il me rappelait que je lui devais toujours une caisse de bières ! Tu parles d'une surprise, après juste 50 ans !
C'est promis, je passerai un jour chez lui et avec la caisse !"

Comme vous le voyez, en Belgique, ce qui est dit est dit et chose promise, chose due !

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Le Chatt-el-Arab se trouve dans le golfe Persique au confluent du Tigre et de l'Euphrate... Quant au "Marco" j'ai appris que ce mot désignait le radio du bord chez nos voisins belges. Diminutif de Marconi...