08/03/2008
Dakar - Boston
L'accueil sur les côtes américaines n'est pas discret... Bateaux et avions des gardes-côtiers (coast guards) veillent et il est conseillé de décliner - rapidement - indicatif, nationalité, destination, cargaison... Cela se passe en phonie dans la bande des 2 MHz. Pour régler l'émetteur je transmets le classique "one, two, three Daloa calling" ; en guise de réponse j'ai droit à un "quatre, cinq, six" en français avec un accent bien américain, avant de me faire "virer", car ce n'est pas la bonne fréquence... Cela commence bien !
Deux grosses stations sur la côte Est, WCC (Cap Cod) et WSL (New York). Je contacte cette dernière qui me répond immédiatement et m'invite à passer mes télégrammes sur la fréquence que je lui ai indiquée. Le trafic s'écoule bien entendu en duplex (en "split" si vous préférez), chaque bateau ayant au moins deux fréquences pilotées quartz dans chaque bande OC. A peine commencé, j'entends à nouveau "VVV VVV DE WSL" . J'arrête la transmission pensant que l'opérateur m'a perdu ... Non, non, bref rappel de sa part me demandant de poursuivre. J'ai appris bien vite qu'un opérateur m'avait pris en charge, laissant à un autre la direction de la veille.
Sacrée station multi-op !
Enfin à quai. Après différents contrôles et la prise d'empreinte des 10 doigts (oui, oui les 10), des fiches à remplir pour, enfin, avoir le droit de descendre à terre.
J'avais en rade de Boston donné un coup de main au lieutenant chargé de l'établissement de ces fiches à présenter à l'officier "immigration". Dans la marine marchande, nous n'avons pas de passeport mais un livret maritime comportant le pedigree de l'individu ainsi que ses différents embarquements avec nom des bateaux, dates d'embarquement et de débarquement...
Nous avions fait vite pour remplir ces papiers car, après 10 jours de mer, beaucoup piaffaient d'impatience pour aller... se dégourdir les jambes à terre.
Nous avons présenté les 41 fiches au préposé. À sa grimace, nous avons compris immédiatement que quelque chose l'ennuyait... "Qu'est-ce que c'est ?" articula-t-il en pointant du doigt les lignes "taille" et "poids". Il fallut se rendre à l'évidence, mètres, centimètres et autres kilogrammes étaient pour lui des mots inconnus, parfaitement incompréhensibles !
Nous avons revu notre copie. J'ai eu ce soir-là, je le confesse, de vilaines idées...
Quel accueil chaleureux ! Et je ne parle pas des 20° (Celsius !) sous zéro. Même en Farenheit c'est très froid ! Nous sommes en décembre 1958.
10:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.