24/01/2008
Direction l'Afrique
Bordeaux. Septembre 1958. Plus question de "sauts de puce", départ pour Dakar. C'est la première fois que je vais changer de continent...
Le temps s'écoule lentement à bord d'un cargo, le trafic n'est pas intense... Je n'ai jamais autant lu.
Je termine mes contacts et mes appels par 73. De temps en temps je reçois une demande de QSY sur la bande des 500 kHz, un radio, également titulaire d'un indicatif amateur se signale. Un très bon moment qui se termine quelquefois par un "visu" lors d'une escale. Hélas trop rarement car les routes sont souvent de sens opposé ! C'est à la suite d'un tel QSO que j'irai passer la soirée sur un bateau belge. Ce sera ma première (et excellente) initiation aux différentes qualités de bière ! Cela se passait à Matadi (ex Congo belge). C'est la seule fois où j'ai parcouru les 300 ou 400 m séparant deux bateaux, encadré par deux "casque bleu" ! Le secteur était très chaud à l'époque (à tous points de vue !).
Si les trois vacations (08-10, 12-14 et 16-18 UTC - on disait GMT à l'époque - mais aussi millibars et non hectopascals - je m'égare...) étaient employées à différentes besognes, le dernier quart (20-22 UTC) était, plus spécialement sur la côte d'Afrique, assez pénible en raison des statiques (QRN) épouvantables qui rendaient quasiment impossible toute écoute, tout au moins sur la bande 500 kHz. La mise à jour des différents bouquins relatifs aux fréquences et vacations des stations côtières de par le monde ne prend pas deux heures par jour !
Pas question d'être discret, dès que je trafique tout le bord est au courant. Il est vrai que 400 watts dans une antenne à quelques dizaines de mètres d'un BCL... On me pardonne quelquefois ces "brouillages". Par exemple quand je demande à un collègue les résultats de l'étape du Tour de France...
Comme chaque matin le Pacha venait dans le poste radio et nous parlions comme d'habitude de tout et de rien. Un jour, en partant, il m'a lancé : "Vous avez pas mal trafiqué hier soir..." J'avais dû lui polluer la réception d'un concert dont il était friand. "Oui Commandant, un bateau n'avait pas pris la météo et demandait un QSP..."
En fait j'avais surtout fait une longue causette avec un bateau de la compagnie qui remontait vers l'Europe et nous avions échangé des informations sur les bonnes (et mauvaises) adresses permettant d'égayer quelques escales...
Il a souri et, avant de sortir, m'a rétorqué sur le ton de la confidence : "il y a longtemps j'ai navigué comme radio, je lis encore au son... "
Comme la bicyclette, la lecture au son ne s'oublie pas...
12:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
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