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22/12/2006

Départ pour la "Royale"

Le 15 mars 1956 j'ai rendez-vous à Rennes avec la Marine Nationale. Six semaines de classes à Pont-Réan. Pas de radio mais des activités diverses et variées comme la marche, le canotage sur la Vilaine, la garde de nuit et même l'incinération des pansements de l'infirmerie. Même en plein air, soumis au vent tourbillonnant, la vigilance s'impose !

Le 1er mai, j'ai la chance d'être affecté comme Radio sur le remorqueur de haute mer "Rhinocéros". Je dis chance car pas mal de collègues appelés vont vers l'Algérie. Certains ne reviendront pas.
A l'époque le "chien de garde" du secteur est l'Abeille 26, secondé par trois remorqueurs de la Royale. L'Hippopotame, l'Eléphant et le Rhinocéros. Comme les deux premiers nommés sont au charbon, c'est bien souvent le "Rhino" qui sort dans l'urgence en raison de sa propulsion au mazout.

Trois opérateurs radio (car veille continue à la mer). Un second-maître, un quartier-maître et votre serviteur. Le monde est petit, Marcel, le quartier-maître, est un ancien de l'école de radio d'Erquy dirigée par F8XY où il opéra comme second opérateur !

medium_Rhino.2.jpg
Le "Rhinocéros". 800 tonneaux,
40 m de long. Une quarantaine d'hommes à bord.



Les jours de navigation sont rares. L'ennui c'est que la plupart du temps l'appareillage se fait très vite et par mauvais temps. Il faut "sortir" pour escorter ou remorquer ceux qui, par accident ou victimes d'incidents, ne peuvent rentrer seuls.

La veille s'effectue sur 500 kHz et 2182 kHz en liaison avec le Conquet-Radio et le bateau en détresse, ainsi que sur différentes fréquences militaires. Quelquefois une liaison VHF avec le Lancaster de la base aéronavale de Lann Bihoué (Lorient) qui nous indique la route. Eh oui, il n'est pas toujours facile de repérer un chalutier de quelques mètres de long dans des vagues atteignant parfois les 10 mètres ! C'est là que j'ai conquis mes galons de "Membre Donneur" décerné par les poissons du large de l'île d'Ouessant, mon estomac de terrien n'étant vraiment pas celui d'un vieux loup de mer...

C'est dans ces conditions qu'il fallait trafiquer... Cramponné au fauteuil, malade, plus question de transmission automatique bien cadencée à S9, mais des signaux parfois faibles, soumis au QSB et au QRM, manipulés à la main...
Pas question d'avoir un doute sur une position ou la valeur d'un cap à suivre, les conséquences auraient été fâcheuses voire dramatiques.
Ma modeste expérience du trafic amateur, qui n'atteignait pas à l'époque l'intensité et la consistance des "pile-up" actuels, m'a beaucoup aidé.

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