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26/12/2006

Sur le "Rhinocéros"

Le Commandant, appelé aussi respectueusement "Pacha", "Vieux" et même "Tonton" dans la Marine, se nommait Paul Capitaine, d'où de nombreux quiproquos. C'était à l'époque un "2 galons", ancien des Forces Françaises Libres. Il avait commencé comme matelot manoeuvrier. Parmi ses qualités, il en possédait une grande, celle de se souvenir de ses débuts. C'est assez rare pour le signaler. Ses relations avec les "petits" étaient de ce fait excellentes.

Après le repas du midi (assez frugal dans l'ensemble !) Marcel le quartier-maître et moi remontions au poste radio écouter la bande 40m. Nous étions souvent rejoints par Pierre, timonier du bord, inscrit maritime (il naviguait à l'époque sur les navires câbliers), intéressé par le trafic amateur.
Un beau jour, la porte du poste radio s'ouvrit et le Pacha me trouva... le micro à la main. Conscient des risques encourus j'expliquai tout... "Mais, c'est très intéressant, cela me rappelle le film Si tous les gars du monde..."
Par la suite, c'est quelquefois à sa demande que nous remontions au poste suivre le trafic OM.
Je crois qu'il était bien content d'avoir à son bord des radios aimant vraiment leur métier.

Entre deux sorties en mer nous étions amarrés sous le "grand pont" reliant Brest à Recouvrance. Chaque matin, entraînement lecture au son et trafic pour tous les radios de Brest. Le "tram" de Casablanca nous emmenait à 140/150 lettres à la minute. Pas de quoi se vanter, un entraînement régulier, c'est tout. Si vous êtes pugnace vous y parviendrez aussi.

L'après-midi était consacré à l'entretien du PC radio et de la mise à jour des documents. J'avais obtenu l'autorisation de travailler ce satané "2ème classe PTT" qui restait l'objectif premier.
En juin 1957, je sollicitai une semaine de permission pour passer cet examen à Paris. le Commandant me l'accorda en ajoutant "Si tu es reçu, je te ferais cadeau de ces jours de perm'...". Cette fois je fus reçu. Il tint parole.
Il ne me restait plus qu'à m'inscrire au cours de licence Marine Marchande, dispensé par l'école de la rue de la Lune à Paris. Par correspondance bien entendu.
Plus question de radio mais de navigation, de météo, de sécurité et même de rudiments de médecine. Ces cours furent grandement facilités par la présence à bord de deux lieutenants au long cours de la Compagnie Maritime des Chargeurs Réunis, effectuant comme moi leur service militaire. J'ai eu sous la main deux profs pour répondre à mes (nombreuses) questions. L'un deux, René Lucas, fut SWL. Hélas la maladie l'empêcha de devenir OM. Salut René !

Le samedi il nous arrivait d'aller fouiner en compagnie de Léon F8JE, alors chef de la Section REF Bretagne, chez un casseur brestois de ses amis. Le patron nous faisait cadeau des lampes et appareils de mesures, seuls les métaux étaient payants.
Combien de courts-circuits avons-nous provoqués lors du branchement des transfos récupérés après un séjour prolongé dans l'humidité, voire même dans l'eau...

J'avais obtenu rapidement l'autorisation de "découcher" pour jouir d'une chambre en ville à Recouvrance, au 13 rue Borda pour être précis, puis à l'hôtel Armorique et utiliser ma station que j'avais transférée. L'antenne, intérieure, ne facilitait guère le DX !

medium_F9OE_Brest.jpg

807 au PA, le BC312 et une antenne intérieure. La carte Europe/Afrique du Nord suffisait pour pointer nos QSO !


L'origine des courts-circuits dus à nos essais (nocturnes pour minimiser les perturbations !) fut découverte par la brave femme de ménage qui faillit un jour briser son balai en ramenant de sous le lit ... un très gros transformateur !
Le patron nous demanda gentiment, mais fermement, de limiter au maximum nos essais.

Le monde est petit (je me répète, mais c'est vrai !). En 1957 le commandant de la police brestoise était Antoine Seiller... F3GH. J'allais souvent trafiquer depuis sa station, bien mieux située que la mienne. Je devins donc ... bien connu des policiers brestois. Certains soirs, à la sortie du cinéma, il m'est arrivé d'être aimablement ramené à bord dans le "panier à salade", ce qui fit jaser quelques collègues, s'interrogeant sur mes activités occultes !

Durant ces années troublées, les contrôles étaient fréquents. Un beau jour, de garde à la coupée (les radios comme les autres effectuaient leur tour de garde), deux "civils" me demandèrent de les mener au Commandant.
Quelques minutes plus tard, le Pacha me fit relever en me demandant de bien vouloir suivre ces "Messieurs". Direction la chambre en ville pour vérification de la station, dans le cadre d'une opération anti-pirates de la DST. Mon premier carnet de trafic conserve la marque du tampon de contrôle. La soirée se termina dans une crêperie où nous avait rejoint F3GH.
Cet intermède ne fit que renforcer la suspicion de certains à mon égard...

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