10/01/2007
L'examen "Radio de bord"
En fait il s'agissait plutôt d'un concours qui ne voulait pas dire son nom. Ce n'est pas seulement mon sentiment mais celui de nombreux collègues, pour la plupart OM, que je retrouve avec plaisir.
Il y avait en gros, une vingtaine de reçus au 2ème classe sur 150 candidats. Quant au 1ère classe, quand il y avait 5 lauréats sur 40 postulants, c'était une bonne session !
Une chose était sûre, le diplôme en poche était synonyme d'embarquement assuré. Notons qu'en 1960 une pénurie de radios s'installa et que l'on vit fleurir nombre de dérogations...
Une bizarrerie, parmi d'autres... Les "2ème classe" passaient une épreuve de lecture au son à 80 lettres/minute, les "1ère classe" à 125... En mer, je n'ai jamais entendu quelqu'un demander le diplôme du correspondant afin de régler sa vitesse !
L'examen comportait une épreuve de géographie, note éliminatoire à 16 (16/20 vous avez bien lu !). Sa durée ? 20 minutes avec deux questions du style "Que savez-vous sur Madagascar ?" et "Quels sont les câbles immergés dans la Baltique ?". L'intérêt de ces questions ne m'est jamais apparu. Comme la plupart des candidats, je potassais quelques pays et apprenais "par coeur" ces fameux câbles... A force d'ânonner et de rabâcher ces successions de villes, un peu à la manière des tables de multiplication de mon enfance (les Anciens comprendront !), nous parvenions tant bien que mal (souvent) à connaître ces lignes.
Ces câbles posés et entretenus par des navires spéciaux, sont équipés maintenant de fibres optiques. Pour en savoir plus visitez ce site:
http://www.leradome.com/mt_musee/htdocs/mtp5.htm
Photo prise à Penmarch dans le Finistère.
Après un demi-siècle, il m'en reste une bribe, qui revient de temps en temps... Kartoum, Kassala, Suakkin et Port-Soudan.... Ouvrez votre Atlas !
Dans la pratique, pour l'envoi ou la réception des télégrammes, les liaisons s'effectuaient plus spécialement avec l'excellente station de St Lys Radio (FFL) près de Toulouse et les stations côtières des pays visités. La suite à donner était de leur ressort.
En revanche, parmi les épreuves dites "pratiques", l'une consistait à reconnaître et à décrire l'utilisation du composant que Monsieur l'inspecteur extrayait d'une caisse... Un condensateur variable, un isolateur, une lampe, une résistance bobinée qui, malgré sa vitrification, commençait ... à se débobiner !
Ce n'est qu'une fois à bord que l'on découvrait les équipements plus ou moins modernes (émetteurs, récepteurs bien entendu mais aussi sondeur, goniomètre et radar ) et que les problèmes d'entretien et de dépannage apparaissaient. Nous en reparlerons.
17:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/01/2007
Remorquages et assistances
"Les souvenirs sont nombreux...
Du petit chalutier "Véronique" désemparé au beau milieu d'un golfe de Gascogne en furie avec des creux de plus de 10 mètres, au cargo belge privé de gouvernail et maintenu face au vent par les canots de sauvetage de Molène et Ouessant l'empêchant de s'échouer sur les rochers, en passant par le pétrolier américain (T2) en panne et dérivant en mer d'Iroise...
Le souvenir le plus pénible reste néanmoins celui de la collision survenue entre un pétrolier et un cargo grec. Une nuit (et pour une fois sur une mer d'huile), le Rhinocéros est à l'abri près de l'île d'Ouessant dans une brume très épaisse. De quart au poste radio, le calme du 500 kHz est brutalement rompu par un SOS. Dépêchés sur les lieux, car à quelques heures de route du sinistre, un spectacle épouvantable nous attend. L'impression d'une mer en feu... 19 morts, pour la plupart à moitié calcinés...
La carcasse du pétrolier calciné. La déchirure de l'étrave donne une idée de l'ampleur de la collision...
Plusieurs bateaux sont déjà là et portent assistance. Nous recueillons plusieurs rescapés et remorquons le cargo jusque dans la baie des Trépassés. Nous restons à couple pour pallier tout incident. Dans la nuit, le feu reprend soudainement à bord du cargo.
Je n'ai jamais été aussi rapide pour appeler les secours...
Un autre incident, lequel aurait pu avoir de fâcheuses conséquences...
Il nous arrivait de tirer un but radarisable à environ 1600 mètres derrière nous, permettant des exercices de tir à d'autres unités de la Royale. Nous étions bien entendu en liaison constante avec le tireur. Heureusement...
Le but (la cible radarisable) étant un objet coûteux, pas question de le pulvériser. Aussi le tireur réglait ses batteries sur la cible puis se décalait (en azimut).
Ce jour-là le décalage fut fait, mais du côté du remorqueur. Le tir commença. Les gerbes d'eau assez rapprochées nous firent réagir. Très vite !
L'erreur est humaine... Certaines erreurs le sont plus que d'autres.
Toutes les sorties ne s'effectuaient pas pour un sauvetage et par mauvais temps. Je me souviens d'expériences de survie en mer, en baie de Quiberon. Des pilotes, des hôtesses de l'air, des médecins y participaient et, parmi eux, le docteur Alain Bombard, un homme qui avait traversé l'Atlantique seul, sur son radeau "l'Hérétique", en se nourrissant de sa pêche et en buvant (pouah !) de l'eau de mer.
Alain Bombard, Pierre le timonier qui deviendra F8DHM et F9OE.
Des moments inoubliables et des cours n'ayant rien de livresques.
Je conserve précieusement son livre "Naufragé volontaire" qu'il me dédicaça "En souvenir d'un sauvetage pour rire". Au contact de ce genre d'homme, on se sent un peu moin c... Ce n'est peut-être qu'une prétentieuse impression.
Pour beaucoup les "obligations militaires" étaient un moment à passer sans grand intérêt et même souvent synonymes d'inactivité morose, de temps perdu. Pour ma part j'ai mesuré la chance que j'ai eue de passer ces deux années sur ce bateau, même si ce fut, par moments, un peu physique !
En fait la sensation d'être utile à quelque chose, tout en apprenant beaucoup dans différents domaines.
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