Ici-F9OE

Beaucoup de commémorations en ce moment et en plus c'est la semaine de la solidarité...
Non je n'évoquerai pas ici le centenaire de ceci ou le cinquantenaire de cela, mais le souvenir d'un OM qui a beaucoup donné à l'émission d'amateur et ses adeptes. Son indicatif n'est pas lié à un concours annuel ce qui fait qu'il n'est que rarement, trop rarement, évoqué.
Jules Bastide F8JD, un magnifique exemple de solidarité... Un grand Monsieur.

Si certains n'ont pas oublié ses nombreux articles dans Radio-REF (plus de 60 au total, le premier en 1936 relatif à la bande 56 MHz), son livre sur les récepteurs de trafic dont j'ai eu le plaisir d'assurer la publication dans les années 70, on sait moins que F8JD créa le Réseau d'urgence en 1930. On sait encore moins et c'est pourtant là je pense sa plus belle activité, qu'il assura la parution de Radio-REF durant la seconde guerre mondiale. Les locaux du REF à Paris ayant été "visités" et saccagés, F8LA alors président de notre association, avait délégué ses pouvoirs à F8JD situé en zone (encore) libre à Toulouse.

Dix numéros trimestriels  seront publiés de 1941 à 1944. Quelques pages ronéotypées essentiellement consacrées à assurer un lien entre plus de 500 membres abonnés. Le nombre de prisonniers est assez impressionnant et, détail cocasse si la situation n'avait pas été aussi tragique, on apprend que le REF avait adressé une requête à l'association allemande (DASD) afin "d'adoucir  le sort de nos prisonniers radioamateurs, soit en les groupant, soit en les intéressant dans une usine de radio, soit en les mettant en relation avec des OM D..."
Les nouvelles sont quelquefois agréables (démobilisations) mais hélas souvent bien tristes car la liste des OM décédés en déportation ou sous les bombardements s'allonge dans chaque numéro.

F8JD fut l'homme orchestre, seul, assurant la rédaction, la frappe des articles, la mise en page, l'achat du papier, l'expédition, la gestion... Ne parlons pas des dangers encourus quand la gestapo vint, à son domicile, pour en savoir plus sur ses activités.
La solidarité bat son plein. Des OM se proposent d'accueillir d'autres radioamateurs contraints d'évacuer, des collectes sont organisées à destination des prisonniers et rapatriés sans travail...

A la relecture de ces revues, cadeau précieux de Claude F2FO, on apprend que des démarches sont entreprises pour que les récepteurs réquisitionnés lors de la déclaration de guerre soient récupérés ; pas question des émetteurs ! L'espoir fait vivre...
La technique n'est pas oubliée et les sujets portent principalement sur les différents étages du récepteur. Le mot émetteur semble tabou...

Dans le numéro d'avril 1942 j'ai noté ces quelques lignes :

"... Que dirai-je aux jeunes membres du REF qui sont la grande majorité dans ses rangs aujourd'hui, sinon toute la joie et la fierté que j'éprouve à voir la vigueur avec laquelle notre chère Association renait à la vie après la tourmente que nous venons de traverser.... J'ai la conviction absolue que nos chères ondes courtes connaîtront de nouveau leur bel essor du passé et qu'elles serviront encore de trait-d'union entre les amateurs des divers pays enfin réconciliés."

L'auteur ? Léon Deloy ex F8AB qui, un certain 28 novembre 1923, a réalisé la première liaison transatlantique sur ondes courtes... C'était il y a 90 ans... Une date historique.
Oui, je sais, j'avais promis de ne pas commémorer mais pouvais-je occulter cet anniversaire ?