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28/11/2009

Activités portables

Lorsque je trafique dans la nature, j'ai souvent l'occasion d'entendre "Qu'est-ce que vous faites là ?". Certains humoristes pensent même que je suis en contact avec les petits hommes verts dont l'atterrissage est imminent.
Récemment, lorsque six hommes en bleu, quatre gendarmes et deux motards, arrivèrent sur le point haut, F5LWX et moi-même avons pensé que le moment était venu de présenter notre licence.
Non. Il n'en fut rien. Il est vrai que j'ai toujours pensé que le temps où les espions échangeaient (dans la nature et un dimanche matin) des messages secrets est révolu et qu'ils devaient être plus discrets que nous. Trois paraboles, une antenne 9 éléments 144 MHz et une autre de 23 éléments pour la bande 1296 MHz ne passant guère inaperçues !
Les représentants de la maréchaussée furent néanmoins intéressés par les signaux CW. L'un d'eux, en partant, ajouta "je constate que le Morse est toujours utilisé, c'est bien, on ne sait jamais..."

Les temps changent et c'est quelquefois une bonne chose. Si les activités portables et mobiles sont aujourd'hui accessibles dès la réception de l'indicatif, il n'en fut pas toujours ainsi.
Dans les années cinquante, une demande préalable devait être formulée avec, à l'appui, différents renseignements et en particulier le secteur où devaient se dérouler les essais. Quelques OM effectuaient donc, régulièrement, une demande en bonne et due forme ce qui "attrista" quelque peu les préposés de l'administration qui demandèrent aux intéressés s'ils pensaient formuler chaque semaine une telle requête...
"Bien entendu" rétorqua F8YG* qui me narra ces péripéties, en ajoutant " N'est-ce pas conforme au réglement ?".
Quelques temps après une licence mobile annuelle voyait le jour.

Licence M.jpg

A noter que celle-ci ne pouvait être sollicitée qu'un an après la délivrance de l'indicatif et que le prétendant ne devait pas avoir prêté le flanc à un rappel aux réglements... Bien entendu une nouvelle enquête était diligentée. La licence mentionnait l'immatriculation du véhicule. Enfin, détail important car il n'y a pas de petits profits, une nouvelle taxe était perçue.
Cette taxe disparut également quelques années plus tard grâce aux démarches du REF et plus spécialement de son président Robert Brochut F9VR.

 

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* Les Anciens se souviennent vraisemblablement de F8YG (Société SAREF, rue de Turin, Paris 8) qui fabriquait convertisseurs, émetteurs de petite puiisance mais surtout le légendaire grid-dip 3,5 - 250 MHz qui fut utilisé en son temps par le CNET.

 

 

 

10/11/2009

Les liaisons dangereuses

Je ne lance pas souvent appel, d'autres s'en chargent, quelquefois longuement... Plus de CQ que d'indicatif. J'ai le souvenir d'un dessin humoristique dans un handbook de l'ARRL. On y voyait un vieil OM à longue barbe, sa station entourée de toiles d'araignée, manipuler inlassablement CQ. La légende disait " A long call is unnecessary"...

En cette soirée d'août 1959, en retour à l'un de mes rares appels sur 20 m en CW, j'entends "F9OE de RAEM". Etonnement. Quatre lettres indiquent l'indicatif d'un navire ! L'opérateur est-il comme moi distrait ? Après dix mois d'utilisation de l'indicatif du bateau (FNBR, FNBD, FPYX...), je le confesse, je me suis surpris à utiliser l'un de ces indicatifs. L'habitude n'est-elle pas une seconde nature ?

Je lance un timide QRZ en espérant "réveiller" celui qui m'appelle. Peine perdue, il revient et insiste sur son indicatif... RAEM.
En 1959, donner son numéro de téléphone ou fixer un rendez-vous à un ami sur l'air, c'était s'exposer, presque à coup sûr, à un rappel au réglement par l'administration des PTT. Alors vous pensez, contacter un pirate !

RAEM-W0DX.jpg

A Opatija en 1966. RAEM en compagnie de Bob Denniston W0DX, alors président de l'ARRL. Bob fut l'un des premiers à opérer depuis Clipperton.


Je crois avoir lancé "pirate no QSO" ... Notre OM a insisté, la liaison s'est quand même établie et quelques jours plus tard, une lettre de Moscou émanant de Ernst Krenkel, RAEM, m'indiquait qu'en raison des services rendus à son pays, l'administration lui avait donné cet indicatif qui fut celui du bateau Cheliuskin, broyé par les glaces dans l'Arctique en 1934. Ernst était alors le chef de poste radio du bord. Il fut élevé au rang de "héros de l'Union Soviétique", étoile qu'il arborait fièrement sur son veston.
Pour me faire pardonner, je lui ai adressé quelques timbres français, la philatélie étant son second violon d'Ingres.

Cheliuskin.jpg

Ernst Krenkel fut président des Radioamateurs russes et j'ai eu le plaisir de le rencontrer, de nombreuses années après, en 1966 en Yougoslavie. Je lui ai rappelé cet "incident" dont il ne se souvenait bien évidemment plus !
C'est la seule fois que j'ai traité de pirate un héros de l'URSS.

RAEM nous a quittés mais pour perpétuer sa mémoire, un concours portant son indicatif a lieu chaque année en décembre.