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04/12/2007

Retour en mer !

"Il y a longtemps que tu ne nous parles plus de navigation... " C'est vrai, je m'égare un peu ces derniers temps ...
Bon on y retourne !

Nous sommes le 14 juillet 1958. Je traverse Paris en fête au mileu des pétards et des bals de quartier. J'ai rendez-vous avec le Daloa le 15 au matin. Je suis heureux mais bougrement angoissé...
Bordeaux, les quais, le taxi sait où est amarré le bateau ! Ils ont l'habitude de la clientèle des navigants et en 1958 l'activité portuaire est grande.
Le bateau me parait immense, en fait une centaine de mètres et 10 000 tonnes de port en lourd. Il revient de la côte d'Afrique. Le pont est couvert de billes de bois d'un diamètre impressionnant.

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Le Daloa quelque part sur la côte d'Afrique. 5 étoiles sur la cheminée... Les anglais nous appelaient "la cognac line"...

Je fais connaissance avec l'officier radio Louis K. Avant tout mouvement il y a des rites auxquels il est impensable de se soustraire. Le pot d'arrivée. Ce sera une "Bicyclette". Kesaco ? On m'explique que c'est la spécialité Chargeurs Réunis, comme le punch l'est à la Transat ! Ne me demandez pas d'où vient l'origine de ce nom, si je l'ai su je ne m'en souviens plus. Il s'agit de Champagne mélangé, dans une grande soupière, à du Noilly Prat ...
Je n'ai pas les moyens de "rincer" le carré car cela fait beaucoup de monde, ceux qui embarquent, ceux qui débarquent... Je commence donc ma navigation en demandant une "avance" !

Le Radio doit débarquer au Havre (il abandonne la navigation et ses commentaires sur celle-ci ne sont guère encourageants !). Il me prévient fort aimablement : "Je serai dans ma cabine, n'hésitez pas, mais essayez de vous débrouiller seul !". Il a eu raison, c'est la meilleure méthode. J'ai mis un point d'honneur à ne le déranger qu'une seule fois... Je dois à la vérité de dire qu'il n'y a pas eu panne de matériel, ma grande hantise...
La station radio FPYX n'est pas à proprement parler très moderne. L'émetteur (400 W) est piloté quartz ; il fonctionne uniquement en CW. Le récepteur est une vieille connaissance, un BC348. Il glisse pas mal, quelquefois il est presque en phase avec le roulis !
Un émetteur-récepteur téléphonie bande 2 MHz délivrant 40 W et un récepteur bande 500 kHz complètent l'installation. J'allais oublier le récepteur de secours 500 kHz qui est "à réaction". Il est bon de rappeler que les règlements imposent l'embarquement d'un radio, avant tout, pour la sécurité de la vie humaine en mer, d'où la veille sur 500 kHz, fréquence qui a sauvé la vie de nombreux marins.
Le Radio a également la charge d'un radio-goniomètre et d'un radar. N'oublions pas les batteries qu'il faut bichonner et maintenir en forme, seule source d'énergie en cas de panne des groupes. Un émetteur-récepteur de détresse (1 watt) à ne pas négliger non plus, lequel se présente sous la forme d'une bonbonne jaune insubmersible et utilisé lors de l'abandon du navire. Il nécessite l'aide d'un collègue pour "mouliner" car l'énergie est produite par une magnéto incorporée. Je n'ai jamais eu l'occasion (disons la chance) de me servir de cet outil sauf pour des exercices ...

Les cargos sont astreints à H8 (c'est-à-dire quatre fois deux heures de veille par 24 h). En dehors de ces vacations, un appareil auto-alarme équipé de relais (l'air salin et les contacts ne font pas bon ménage) est là pour déclencher une sonnerie au poste radio et à la passerelle, lors de la détection du signal d'urgence (succession de traits en principe bien calibrés). De temps en temps le QRN (les statiques sont parfois très violents) fait déclencher l'appareil. Dans le doute mieux vaut écouter le 500 kHz pour rien...
Ici il n'est plus question de ne pas "faire le QSO". Il y va de la vie humaine mais aussi de gros sous. C'est cher un cargo avec son chargement ...

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