20/04/2011
T2 et Liberty
André, F6GIN, par le biais de son QST /MM mensuel, a le chic pour me rajeunir et me ramener en mémoire de vieux souvenirs. Dans l'un des récents numéros il parle des Liberty et des pétroliers T2, ces bateaux, rustiques certes, mais particulièrement solides, qui furent construits en grand nombre aux Etats-Unis pour faire face aux pertes énormes subies par la marine marchande durant la guerre 39/45.
En 1957, alors radio sur le remorqueur de haute mer Rhinocéros basé à Brest, un T2 américain est en panne de machine dans le golfe de Gascogne. Un remorquage qui va s'avérer difficile, non en raison de l'état de la mer, calme ce jour-là, mais lorsque nous le rejoignons, nous trouvons deux groupes de marins, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière. Personne ne semble vouloir se saisir de la remorque... Situation pour le moins inhabituelle !. Auraient-ils réparé et donc plus besoin d'assistance ? Non, le bateau dérive toujours... Après quelques heures ils installent enfin la remorque et ramenons notre T2 à bon port.
Le lendemain le journal local, qui relate l'événement, nous apprend que le chef mécanicien du bateau était décédé suite à une mauvaise chute dans un escalier et avait été embaumé à Brest...
Curieux... Certains n'avaient pas hésité à prononcer le mot mutinerie...
Les Liberty ? Savez-vous que ces bateaux naviguaient encore en 1960 ? J'ai eu l'occasion de monter à bord de l'un d'eux lors d'une visite au radio. Sa cabine était disons spartiate, les batteries pratiquement sous sa banette (son lit si vous préférez). Sur le pont quelquefois des trous, la tôle ayant cédé. On plaçait alors des grillages, un peu comme sur les trottoirs durant les travaux, pour éviter l'accident !
Pas de radar bien entendu. J'ai connu un commandant qui avait fait confectionner une antenne en bois par le charpentier du bord. Lors de l'accostage dans un port où l'attendait l'agent de la compagnie, il lançait vigoureusement à la main cet "aérien" pour attirer l'attention sur cette carence radioélectrique !
Le Liberty Abbeville des Chargeurs Réunis (merci à François Brose pour cette photo)
Aux Chargeurs Réunis, une dizaine de Liberty étaient encore en service dans les années 60 ; ils portaient le nom de villes françaises, Domfront, Calais, Abbeville, Lisieux...
Terminons par une anecdote. Qu'est-ce qu'il fait ton papa ? Le fils d'un collègue du bord avait répondu à sa maîtresse d'école que son père travaillait sur un bateau qui avait un nom de bonbon... L'Isigny avait précisé le gamin.
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